Développez la créativité de votre enfant ! (3/3)

Cet article fait suite aux articles « Faites jaillir le créatif qui sommeille en vous » et  « Papa, ch’sais pas quoi faire… » – « Tant mieux ! « 

Nous en avons tous l’intuition, aider l’enfant à développer sa créativité, c’est lui mettre en main un outil fondamental pour devenir libre intellectuellement, autonome et responsable.

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Face à l’abondance de sollicitations et d’informations dans laquelle baignent nos enfants, nous parents avons un rôle « socratique » comme le dit François Taddei : nous avons le devoir d’aider avec bienveillance nos enfants à assimiler les « quatre C »  : Communication, Créativité, Capacité à coopérer, Critique constructive.

  • La communication est un art difficile qui suppose de savoir qui on est, qui sont les autres, comment on leur parle et comment on reçoit leur message.
  • L’esprit critique est une aide précieuse à l’indépendance d’esprit.
  • La capacité à coopérer revient à apprendre à vivre ensemble, à la tolérance…
  • La créativité quant à elle ouvre l’esprit : elle permet d’aborder des problèmes nouveaux et d’imaginer de multiples solutions pour y faire face.

Todd Lubart, l’éminent spécialiste de la créativité, nous explique qu’ « une personne qui a appris à être davantage créative aura entre autres plus de facilité à résoudre des conflits, à trouver des solutions, à s’exprimer, aura davantage confiance en elle, sera amenée à explorer et trouver sans cesse de nouvelles idées.
Tout comme certains adultes, quelques enfants n’utilisent pas la créativité dans leur quotidien parce qu’ils ont peur de le faire ou connaissent peu de moyens pour y arriver. La créativité ne devrait pas être associée seulement à l’art, elle devrait être présente à tous moments de la journée. »

Pour bien appréhender la créativité il faut sortir du système de référence scolaire (en tout cas le système scolaire français) comme le relève Jean-Daniel Nordmann, qui a dirigé une école dite « alternative » à Lausanne ainsi qu’une ONG défendant la diversité de l’enseignement (l’OIDEL) : « l’école officielle est obsédée par l’idée de mesurer les performances des élèves à l’aune d’une norme unique. Ce faisant, elle perd complètement de vue l’essentiel, à savoir l’accomplissement de l’être humain. De plus, elle échoue à être utilitariste. Et les écoles qui ne visent pas prioritairement la réussite sont celles qui obtiennent, là aussi, de meilleurs résultats. »
Une doctorante en neuroscience, Solange Denervaud, lui fait écho : «La grande erreur consiste à penser qu’en favorisant la créativité, on forme des artistes bons pour le chômage. Mais pour être un bon mathématicien ou un bon entrepreneur, une pensée libre et créative est tout aussi essentielle !».
En l’occurence, nous éduquons nos enfants pour un monde dont nous ne savons pas ce qu’il sera dans 5 ans ! Autant les préparer à s’avoir s’adapter et à être créatifs !..

Pour reprendre une formule célèbre, (attribuée selon les cas à Einstein ou à Bacon, et parfois à d’autres encore 😉 ) :
« Tout le monde est un génie ; mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ! »
On distinguera donc :

  • le talent, correspondant à un niveau de performance élevé mais ne nécessitant pas une pensée originale
  • et le génie créatif, faisant appel à l’imagination associative -donc indépendante de la performance. Les idées créatives vont à l’encontre des idées les plus répandues. Créativité est donc synonyme de prise de risque, et l’école traditionnelle apprend peu à peu aux enfants à éviter les risques pour obtenir de meilleurs résultats (voir à ce sujet ce TED talk par Ken Robinson « l’école a tendance à tuer la créativité » c’est en anglais mais vous pouvez activer les sous-titres)

Je le rappelais dans ce précédent article, la créativité naît de la rencontre entre les capacités cognitives, les traits de personnalité, les caractéristiques émotionnelles et les facteurs environnementaux. Autrement dit, sans un environnement familial, scolaire et culturel favorable, la créativité ne pourra pas s’exprimer pleinement !

Les aspects liés à la volonté et à la personnalité (« conatifs » selon la terminologie psychologique) reposent sur :

  • la persévérance (les obstacles ne doivent pas empêcher de continuer)
  • la tolérance à l’ambiguïté, c’est à dire l’acceptation de l’incertitude et de l’approximation (et qu’on ne me dise pas que cela va a l’encontre de la pensée scientifique : même Lavoisier y a eu sciemment recours !)
  • la capacité à prendre des risques
  • le non-conformisme
  • l’ouverture d’esprit,
  • le plus important : la motivation intérieure : il faut que les enfants trouvent leur motivation en eux, et non qu’ils soient récompensés suite à une tâche, car cela aura tendance à restreindre la créativité. Si l’enfant fait une tâche, une activité domestique, un dessin parce qu’on lui a dit « en échange tu auras des bonbons ou de l’argent » la motivation est extérieure. La motivation intérieure, elle, est la volonté de l’enfant de montrer ses compétences, ses talents, son ingéniosité… Elle passe par la reconnaissance parentale, la valorisation et les félicitations. Et cela mettra en place l’association du plaisir à la tâche.
    On le voit, ces aspects peuvent être valorisés et favorisés par les parents !

Mais ce qui est plus encore du ressort des parents ce sont bien les aspects d’environnement :

  • Todd Lubart a prouvé que l’environnement familial le plus favorable est généralement à la fois structuré et stable, avec des régularités (et donc des contraintes), et des perturbations introduisant de la souplesse dans les règles de vie et les habitudes.
  • La valorisation par l’entourage social et familial de la créativité joue évidemment un rôle essentiel
  • L’école peut autant favoriser comme brider la créativité, pour les raison évoquées plus haut…

Enfin, la créativité est favorisée par les émotions positives : La sécrétion de la dopamine favorise l’attention, et l’activité créative est favorisée par l’accès aux souvenirs positifs. De meme, le plaisir éprouvé à la tâche provoque une décontraction qui favorise la créativité… (notez que dans des états émotionnels négatifs également, on aura tendance à produire des idées créatives pour retrouver un état positif ! D’où le mythe des artistes maudits…).

Développez la créativité de votre enfant ! (3/3)

By 26 mai 2015

Bon, c'est bien joli cette longue introduction didactique, mais comment favoriser leur créativité au jour le jour me direz-vous ?

Instructions

Quelques conseils :

  • Foutez-leur la paix ! observez-les, sans déranger leurs activités. Suite à vos observations, apportez le matériel supplémentaire pour soutenir leurs idées et leur permettre de les élaborer. Faites des interventions courtes, ne participez à leur jeu qu’à leur demande instante. Ne vous mêlez pas trop de leurs affaires ! Ils ont le droit d'avoir leurs petits secrets, et c'est dans les jardins secrets que se développent les plus beaux imaginaires. Et surtout laissez-les s’ennuyer !!! Vous référer a ce sujet à ce précédent article, c'est un sujet qui mérite plus que jamais qu'on s'y intéresse… Ah oui, c'est frustrant, mais c'est d'eux que l'on parle ici, pas de nous, parents égotiques !
  • Proposez-leur des activités qui stimulent leur inventivité et qui sont susceptibles de les faire rentrer dans une dynamique créative. Certaines activités peuvent sembler créatives alors qu’elles requièrent une réponse exacte, comme à l’école… Les activités créatives sont celles qui ne demandent pas une bonne réponse mais laissent une liberté autour de la contrainte. Attention donc aux modèles à copier, maquettes à coller par exemple. Ces activités travaillent l’habileté, pas la créativité. Et d’ailleurs, pour les cas ou il y a une réponse meilleure qu’une autre, favorisez l’autocorrection, ainsi que le recommande la fameuse pédagogie Montessori, car l’enfant cherche la solution par lui-même sans être inhibé par la peur de faire faux. Il ose et garde son esprit explorateur.
  • Alimentez sans cesse (mais sans bourrage) l’imaginaire des enfants par des sorties, des livres, des chansons… Lisez-leur des histoires et contes de fées, lisez-en toujours plus ! Pas les Disney, hein !!! je vous parle des originaux ! Ah oui c’est moins inoffensif et les fins heureuses sont nettement moins fréquentes ! Mais c’est vraiment moins cruche et plus éducatif que les versions guimauve et Coca... Tiens oui il faudra que je fasse un article sur le sujet 🙂
  • Proposez-leur un environnement créatif et stimulant. Un enfant qui dessine dans une salle vide aux murs blancs sera moins créatif qu’un enfant qui le fait dans une salle remplie de peintures, d’affiches…
  • Nous sommes habituellement le modèle de nos enfants, il est donc important de faire preuve soi-même de créativité. Montrer que la créativité est bénéfique pour nous encourage les enfants à faire de même ! voir le post précédent.
  • Il est faux de prétendre qu’un enfant ne peut pas se concentrer plus de 30 minutes. Il peut aller jusqu’à quarante minutes à l’âge de 1 an. Mais évidemment, si on l’interrompt tout le temps, il perd cette faculté ! Les enfants doivent apprendre à gérer eux-mêmes leurs pauses, pour leur autonomie !

 

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Enfin, il faut savoir que le développement de la créativité chez l’enfant est fait de phases de croissance et de déclin, tout comme nous avons tout au long de notre vie des phases de stabilité et de chute temporaire des performances créatives !
Torrance a fait état de ces périodes de chute temporaire de la créativité chez l’enfant :

  • la première se situe vers l’âge de 5 ans,
  • la deuxième vers 9-10 ans
  • et la dernière vers 13 ans.

Ces chutes transitoires sont généralement attribuées aux changements de cycle scolaire ou associées à des phénomènes de conformisme social – en particulier à l’adolescence. Mais chez les 9-10 ans ce déclin de la créativité résulterait en particulier, selon Todd Lubart et Jacques Lautrey, de transformations du processus de pensée divergente. Trouver de nouvelles idées repose principalement sur des associations libres jusqu’à l’âge de 9-10 ans, après quoi des stratégies délibérées de recherche systématique commencent à se mettre en œuvre. Dans le même temps, de nouvelles capacités de raisonnement logique apparaissent. Celles-ci seraient susceptibles de perturber les processus créatifs déjà ralentis par les transformations de la pensée divergente. Une fois maîtrisées, ces capacités de raisonnement logique (et ce d’autant qu’elles vont de pair avec des connaissances toujours plus larges) ne constituent plus une entrave mais favorisent au contraire ces processus. On sait en effet à quel point, chez l’adulte, la contribution des connaissances est une condition nécessaire à la genèse de toute œuvre créative.

En conclusion, faites confiance à vos enfants, ils sont naturellement créatifs, mais ils ont besoin d’y être encouragés et de trouver eux-mêmes leur chemin… et juste parfois besoin de ne pas être obligatoirement créatifs ! Ah quel job être parent ! Tout est subtilité ! 🙂

FXF

 

Pour approfondir le sujet :

2 Responses to Développez la créativité de votre enfant ! (3/3)

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